Ce que j’ai lu
Baroque : mot employé à toutes les sauces, même les plus insipides, mais Don Quichotte (surtout le deuxième livre) est de toute évidence un ouvrage baroque. Ayant exprimé cela, je n’ai pourtant encore rien dit. En quoi Don Quichotte est-il baroque ? Peut-être par ce va-et-vient constant entre illusion et réalité, entre moquerie et grandeur, entre ridicule et héroïsme. Certes, quand le chevalier au lion vole sur un cheval de bois qui terrorise son fidèle Sancho, c’est une pièce de théâtre que se font jouer ses cruels hôtes aux dépends de leurs fantasques invités, mais derrière ce ridicule il y a un noble cœur et ce duc et cette duchesse on ne peut s’empêcher de les trouver fort méchants et d’avoir pitié de notre ingénieux hidalgo resté pur dans un monde qui renie ses origines. Est-ce cela le baroque, l’hésitation entre rire et colère ? Notre monde semble alors bien baroque.
Ce que j’ai vu
Les séries d’aujourd’hui (toujours Les 100) se prennent au sérieux. Elles posent, surtout quand elles se disent dystopies (alors que Don Quichotte est une utopie), des questions de vie ou de mort en permanence. La vie et la mort ne sont jamais certaines (c’est peut-être en cela qu’elles aussi sont baroques) mais quand une héroïne poignardée tombe d’une falaise surplombant une rivière qui coule trois cents mètres plus bas, qu’est-ce qu’on parie qu’elle n’est pas morte et que se trouve par hasard dans le coin un bon cheval plus vaillant que Rossinante pour la recueillir ? Le truc tout droit pompé du Seigneur des Anneaux sent un peu le plagiat, non ? Le problème du baroque (du moins de l’invraisemblable) quand il devient stéréotype, c’est qu’il ne surprend plus personne.
Ce que j’ai entendu
Cela entre par une oreille et ressort par une autre. Il a été question d’Irlande, de druides, de guerres, de famine, d’indépendance. L’envie me vient (ce que j’empresse de faire) de réécouter cette chanson de Romain Didier qui est peut-être bourrée de clichés mais qui vaut mille fois ces sempiternels Lacs du Connemara qui font rallumer toutes les lumières en fin de soirée (et en passant je me demande si le coup du cheval qui sauve le héros tombé de la falaise ce ne serait pas une légende celtique) (ChatGPT, qui a réponse à tout mais pas toujours la bonne réponse, cite l’histoire d’un certain Grisandole puis se ravise).
Ce que j’ai fait
Cette chanson, Journal intime, si difficile à extirper de moi parce que ce n’est pas le mien, ce journal intime, et que je n’ai reçu aucune autorisation à l’ouvrir. Sinon, je commence à piger l’heureux exercice à la clarinette, même si pour l’instant il contribue fort peu à mon bonheur, pas plus que mes autres activités créatives, toujours aussi fragmentaires. Je commence presque à savoir jouer Santiano à la guitare, histoire d’accompagner mon gamin dans sa grange et de remercier Margot de sa patience lors de mes tâtonnements clarinetteux (pour du rythme sur Santiano il faudra néanmoins redoubler de patience).