Perdu dans ma bibliothèque

un petit bout de ma bibliothèque

La question était déjà posée par Georges Perec dans Penser/Classer : comment ça se classe, une bibliothèque ? Complétons : quand cela cela se classe-t-il, une bibliothèque ? Réponse : quand on la déménage. Mais voilà qu’un autre problème se pose : ce livre que je sais se trouver quelque part dans ma bibliothèque, ce livre précis que je sais avoir lu, où se trouve-t-il ? Mon classement : hybride, mi-genre, mi-alphabétique, mi-éditeurs, mi-taille-des-bouquins, mi-lu-pas-lu. Mon classement : une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Bref, il me faut pour pas plus tard qu’avant-hier Et c’est ainsi qu’Allah est grand d’Alexandre Vialatte. Réfléchissons :

  1. Genre : chroniques littéraires, mais il est certain qu’il n’y a pas dans ma bibliothèque un lieu pour les chroniques littéraires, cela doit donc se trouver dans la littérature inclassable, car Alexandre Vialatte est un auteur inclassable, et c’est ainsi qu’Allah est grand.
  2. Alphabétique : V, soit vraisemblablement tout près de Vian, Boris, lui-même éparpillé (je retrouve L’arrache-cœur puis L’écume des jours puis L’herbe rouge et En avant la zizique à trois endroits différents, et je ne parle même pas de J’irai cracher sur vos tombes qui ne se trouve pas sous Boris Vian mais sous Vernon Sullivan) mais nulle trace de Vialatte à côté de Vian, et c’est ainsi qu’Allah est grand.
  3. Éditeur : aucune idée de qui a édité Vialatte, Internet me dit Presses Pocket mais ne me dit pas où trouver Presses Pocket dans ma bibliothèque, d’autant plus qu’il me semble que ce n’est pas en poche que j’ai lu Vialatte (erreur de jugement, puisque c’est bien en Pocket que finalement je le retrouverai, et c’est ainsi qu’Allah est grand).
  4. Taille des bouquins : comme je suis persuadé que ce n’est pas un livre de poche, je cherche parmi les gros bouquins, et ce n’est pas ainsi qu’Allah est grand.
  5. Lu-pas-lu : lu, c’est certain, mais la bibliothèque des livres lus est beaucoup plus vaste que celle des livres pas lus, et ce n’est toujours pas ainsi qu’Allah est grand.

Bref, au bout d’une demi-heure, je retrouve le bouquin et pour ne pas l’avoir sorti pour rien, en voici un extrait :

Les chats sont des sales bestioles qui lacèrent les fauteuils et font pipi au milieu des salons, après quoi ils vont s’établir sur les genoux d’une dame respectable, une présidente de confrérie, une grand-mère de parents d’élèves, une lauréate de jeux floraux infiniment maigre et savante. Tel est l’avis de plusieurs personnes autorisées. Ce sont des choses qu’on ne permettrait même pas à un vieux général en retraite tout couvert de décorations, ou au premier vicaire d’une paroisse distinguée. À un igame, à un banquier utile, à un diplomate en fonction. Et que font les dames ? Elles disent : “Minou, minou, minou.” On voit par là combien le mal est profond.

Alexandre Vialatte, Et c’est ainsi qu’Allah est grand, Julliard, 1979.

Et puisqu’en cherchant Vialatte, je suis tombé sur Vian, le voici :

Et pour les retrouver, ces objets-là, on fait comment ?

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