Lire Cortázar quand on est fatigué

L’étrangeté des nouvelles de Julio Cortázar, leur inventivité bizarre, un vendredi soir après huit heures de cours, est-ce que ce n’est pas trop ? “Histoires que je me raconte”, ce s’appelle ainsi, c’est dans Nous l’aimons tant, Glenda, c’est dans ce gros livre des Nouvelles, histoires et autres contes publié chez Quarto Gallimard trouvé dans une cabine à livres, comme neuf. Ce sont des histoires dans lesquelles je me perds depuis plusieurs mois, des histoires que je me raconte et qui semblent devenir vraies même si ce sont peut-être des rêves mais peut-être que ce n’en sont pas, je ne sais plus, je suis trop fatigué, mais moi aussi, au lit, je me raconte des histoires : je n’y suis pas camionneur, personne ne se prénomme Dilia (c’est la première fois que je lis un tel prénom) mais à force de lire Cortázar quand je suis fatigué, est-ce que je ne risque pas de me raconter à moi-même les mêmes histoires saugrenues que ce drôle d’Argentin ? Risque agréable à prendre.