Michel Niquille : Coucherie au Guintzet

À peine un livre, quelques pages, une histoire qui se passe par chez nous; celui d’avant, c’était Poker d’as sur Pérolles, des malfrats, un justicier aux méthodes peu orthodoxes. Celui-là ?

Coucherie au Guintzet de Michel Niquille a été publié aux Éditions de la Trême, dans la collection Poing noir, à Bulle, en 2019 (et je l’ai emprunté dans ma bibliothèque préférée).

Elisa Shua Dusapin : Vladivostok Circus

Le nom de l’autrice, je l’avais lu quelque part, un atelier d’écriture qu’elle animait, je crois, je ne sais plus où, puis le voilà, ce nom, dans ma bibliothèque préférée avec aussi cette ville, Vladivostok, terminus du Transsibérien (je pense à Cendrars, bien sûr,s mais ne trouve pas Vladivostok dans la Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France, alors qu’on y rencontre les coucous de la Forêt-Noire et la Patagonie). Quant au cirque, forcément, ça fait rêver (et ça fait peur). Voilà quelques mots de l’autrice, suivi de quelques-unes de mes impressions de lecture :

Vladivostok Circus, d’Elisa Shua Dusapin, a été publié aux Éditions Zoé en 2020.

Philippe Rahmy : Monarques

De Philippe Rahmy, je ne savais rien avant une étrange demande sur facebook, un inconnu me proposant son amitié. Cela arrive parfois. On se renseigne. Philippe Rahmy n’était déjà plus de ce monde à ce moment-là. Accepter un fantôme comme ami ? Je me renseigne un peu plus sur le personnage, tombe sur remue.net, explore un peu, puis oublie, jusqu’à ce que je retrouve ce nom dans les rayons de ma bibliothèque préférée. Il fallait donc aller y voir de plus près. Et cela en valait le coup. Monarques, publié aux Éditions La Table Ronde en 2017, est le dernier livre de Philippe Rahmy. C’est le premier de lui que je lis. Voici ce que je peux en dire :

Grèves

Deux livres à la fois (trois ou quatre en général) et ces fils tissés par hasard. Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis, ce chapitre intitulé “L’autre guerre civile”, ce monde du travail qui, au milieu du dix-neuvième siècle, se réveille, ces émeutes, ces grèves, ces inégalités qui explosent (pourquoi si peu de grèves aujourd’hui?), ces cordonniers, ces femmes, ces mineurs, et en même temps relire Germinal, ce début qu’on pourrait citer de mémoire ici : “Dans la plaine rase, entre Marchiennes et Montsou, un homme…” (je crois qu’il y a la nuit aussi, et la route, les champs de betterave, le vent de mars, des feux, cet homme qui crache noir, le Voreux, c’est le nom du monstre, Étienne ne se doute pas encore de ce qui l’attend). Zinn, Zola, même combat? (Don Quichotte et les moulins à vent, combats perdus d’avance).

Ce dessin, trouvé sur un site dont je ne parviens pas même à savoir dans quelle langue il est écrit, représente la grève des cordonniers de Lynn, en Nouvelle-Angleterre, en 1860.

Émile Zola, Germinal (la vraie première phrase)

“Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoile, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betterave.”

Lire Cortázar quand on est fatigué

L’étrangeté des nouvelles de Julio Cortázar, leur inventivité bizarre, un vendredi soir après huit heures de cours, est-ce que ce n’est pas trop ? “Histoires que je me raconte”, ce s’appelle ainsi, c’est dans Nous l’aimons tant, Glenda, c’est dans ce gros livre des Nouvelles, histoires et autres contes publié chez Quarto Gallimard trouvé dans une cabine à livres, comme neuf. Ce sont des histoires dans lesquelles je me perds depuis plusieurs mois, des histoires que je me raconte et qui semblent devenir vraies même si ce sont peut-être des rêves mais peut-être que ce n’en sont pas, je ne sais plus, je suis trop fatigué, mais moi aussi, au lit, je me raconte des histoires : je n’y suis pas camionneur, personne ne se prénomme Dilia (c’est la première fois que je lis un tel prénom) mais à force de lire Cortázar quand je suis fatigué, est-ce que je ne risque pas de me raconter à moi-même les mêmes histoires saugrenues que ce drôle d’Argentin ? Risque agréable à prendre.

Jean-Patrick Manchette : La position du tireur couché

Polar, néopolar, thriller, roman noir, roman policier, nuances infinies du noir, je suis un lecteur sporadique de ce genre mais ai toujours évité les Français (le polar, c’est américain, ou scandinave, me semble-t-il, en France, on ne fait que suivre le mouvement avec vingt ans de retard). Jean-Patrick Manchette infirme-t-il ce jugement à l’emporte-pièce ?

Voici quelques réflexions à ce propos :

La position du tireur couché est un roman publié aux éditions Gallimard en 1981 et réédité en 2020 dans la collection folio policier avec une postface de Doug Headline.

En guise d’ouverture

Et si ce cahier bleu, je le transférais ici ? Et si ces notes éparses sur mes lectures, je les partageais au jour le jour ? Ce serait, dès aujourd’hui, transformer cette aventure solitaire qu’est la lecture en une aventure collective. J’y lancerais des pistes de réflexion, j’y partagerais les passages qui m’ont plu (ou déplu), j’y posterais ces vidéos que je fais pour couronner (ou achever) chacune de mes lectures et peut-être y ajouterais-je d’autres documents, des liens, des fichiers audios, des images, je ne sais quoi, tout est ouvert. Bref, ce qui naîtra à travers ce blog, je l’ignore, mais j’aimerais y consigner mon quotidien de lecteur afin qu’il en reste des traces et que d’autres lectrices et d’autres lecteurs puissent y puiser de quoi alimenter leurs propres lectures.